dimanche 18 mai 2014

Le politiquement correct par René Girard


 

Voici encore un petit extrait de ce si riche petit livre d'entretien.
Il montre en quoi le politiquement correct est autant le signe d'un progrès chrétien que sa subversion.
En filigrane, nous lisons qu'il n''existe pas de véritable progrès sans lien avec le Christ, l'amour véritable. Le ressentiment mimétique peut tout pervertir et surtout le conservatisme et le progressisme.





Quand ces choses commenceront P74

Comment définissez-vous (le politically correct)  dans votre vocabulaire ?
C'est la religion de la victime détaché de toute transcendance, l'obligation sociale d'employer une véritable "langue de bois victimaire", qui vient du christianisme mais qui le subvertit plus insidieusement encore que l'opposition ouverte.

Un peu plus loin page 76

Alors, où est la limite entre la juste dénonciation des persécuteurs et l'exagération dérisoire de ce phénomène ?
On ne peut pas faire de règles, on ne peut pas donner de recettes. C'est la différence entre ce qui vient de l'amour véritable et le pur ressentiment mimétique. (...) Il y a beaucoup d'abus dans ce qui se passe dans nos sociétés depuis un quart de siècle, mais il y a aussi beaucoup de justice en marche. Il est très difficile de maintenir ces deux vérités ensemble sous le regard et de faire à chacune la part qui lui revient. Les hommes sont ainsi faits, malheureusement, que la correction d'une injustice ne va jamais sans risque de chute dans l'excès inverse. C'est le mimétisme des groupes qui veut cela. Les sociétés modernes ressemblent à d'énorme masse semi liquides toujours en mouvement. Pour modifier leur direction le moins du monde, il faut des efforts inouïs et une chance extraordinaire. Dès qu'on réussit, l'avalanche mimétique menace de tout emporter.

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