mardi 25 février 2014

La joie du paradis Hadjadj



Encore un document intéressant de Hadjadj
Fabrice Hadjadj se confronte à l'injonction de Nietzsche. Les chrétiens refusent le monde tel qu'il est ! 
Ils se réfugient dans un monde qui est ailleurs qui est tout sauf l'"ici et le maintenant". Les chrétiens se situent dans le ressentiment.
Pourtant Hadjadj note que le nom de Dieu est "je suis celui qui est". Or qui d'entre nous peut revendiquer sa présence à lui-même, aux autres, au monde. Nous sommes là aussi où ce que nous avons à être, mais pensons toujours au devenir ou au passé. Réclamer l'ici et maintenant, c'est réclamer l'éternité, c'est réclamer Dieu. Hadjadj souligne la difficulté de la présence à l'autre. Il faudrait avoir la capacité de connaissance de l'autre, il faudrait le voir dans sa source, dans Celui qui l'a créé.
La souffrance et le péché nous empêchent aussi d'être présent. Nous ne voyons plus la création et nous nous rêvons chef d'orchestre autonome.

A l'opposé de l'homme pêcheur, il y a le saint, qui a la plénitude de la présence à soi-même et aux autres car présent à la source de toute chose, présence reçue de Dieu. Être saint c'est avoir un sens aigu de la réalité. Et donc, le ciel n'est pas le lieu de la fuite, il est claire vision de l'ici-bas. Ceci explique aussi la douleur du saint quand il est dans la joie. Joie et douleur de l'avant gout du paradis qui se dérobe, auquel nous n'arrivons pas à répondre.

Notre expérience du paradis ne vient pas de nos ressentiments mais de l'expérience de l'amour. Le baiser aussi symbole de la dévoration montre bien la promesse d'un amour que l'on aimerait garder jusqu'à l'ingestion.
Bref le paradis est la source de tout lieu et non une projection inopportune. Ici et maintenant, nous avons à vivre la plénitude de la présence.

Refus de la joie
Rappel d'Hadjadj sur le refus de certains anges à la joie de Dieu. Il parle ensuite de la violence du paradis tel que Dante l'annonce, activité débordante de justice.
La joie nait d'une rencontre inattendue qui s'oriente vers une communion.
La joie est rencontre donc si je suis seul, la joie donnée à soi même devient l'onanisme.
La joie est ouverture à l'autre qui nous déstabilise. L'allégorie de la vérité du Bernin en est l'image. La violence de la joie peut nous effrayer, Il nous faut l'humilité de reconnaitre nos fausses pudeurs, notre contentement, notre orgueil. Le démon a-t-il supporté de devoir recevoir sa joie de quelqu'un. Signe de maitrise de sa vie, le damné veut dicter sa loi. Celui qui veut donner sa vie sans recevoir. S'envoyer au ciel par soi même, toujours descente en enfer....

Il faut aussi accepter que cette joie n'est pas seulement accordée aux majors de la foi. Joie reçue que pour être communiqué.
Le Christ était le témoin de la Joie qui brise l'orgueil, l'homme qui contrait nos plans et que l'on crucifie donc.
Tout semble revenir au plus complet malentendu sur la gloire. La recherche humaine de gloire (voir article Racine et Girard) humaine est la recherche de la gloire divine autonome que Jésus transforme en gloire de la croix. Jésus sacrifie toute notion de prestige glorieux pour la joie. La gloire est la vie divine, la vie dans la Trinité, la vie en état d'offrande. La gloire devient la vie dans la grâce.

La gloire des corps
La Grâce n'enlève jamais rien à ce qui est humain, elle guérit et perfectionne. La résurrection des corps est spécifiquement chrétienne. Affirmer la subsistance de la personne implique aucune exclusion et surtout pas pour l'homme, corps et âme. De même, il faut se méfier des pensées qui opposent don à Dieu et à l'humanité, c'est en devenant plus homme encore que l'on devient saint. Nous voulons faire de Dieu une idole, une super créature, elle fascine, elle confisque, elle veut se distinguer et se mettre à coté des autres créatures. Au contraire de Dieu source de toute créature. Refusons le schéma concurrentiel "Dieu et homme" en toutes circonstances. On n'oublirait par exemple que se rapprocher des hommes, c'est aussi se rapprocher de la source. Admirons la création et même dans le prochain, pauvre et blessé Je trouverai ainsi mieux ma propre source, ma propre personnalité et approcherai l'élimination de mon orgueil. Dieu, principe de notre communion.
A la lumière de cette foi, tout est digne d'être connu et de nous parler de notre source. Nous devenons créatif.

Béatitude dans la passivité ? Alors que ciel est le lieu de l'activité et avec notre corps. Nous imitons avec notre désir mais aussi avec notre corps.
Notre corps nous permet ici bas de remonter du sensible à l'intelligible. Dans la vision béatifique, on passera de l'intelligible au sensible. On pourra manifester à travers nos corps tout ce que l'on aura reçu. Ainsi notre vocation nous appelle à la célébration, à une louange inventive. Avec leurs corps, les bienheureux produiront des œuvres de louange, seront saisi d'une œuvre de poésie généralisé, ce qui nous est si difficile maintenant. Quand entrerons nous dans la vie dont nous percevrons en permanence la poésie ? C'est la question qui est au fond de notre coeur. C'est cela notre attente du ciel !

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