lundi 11 février 2013

L'apocalypse a commencé - René Girard

Voici une interview, parue sur le site du journal Réforme, sur le thème controversé de René Girard : L'apocalypse. Et pourtant, thème que celui-ci adore aborder et qui semble être la cerise sur le gâteau de ses théories. Il trouve un grand plaisir à développer ce thème, manière à lui de faire la nique aux Hégeliens, de souligner la cohérence ultime de tous ses écrits. Je crois aussi que c'est sa manière de transmettre sa solution pour le salut du monde : Repentez vous, croyez en l'Evangile, l'Apocalypse vient. N'était ce pas le leitmotiv des premiers chrétiens ? Que faire face à la rencontre de l'homme avec sa propre violence ?




Oui, l'apocalypse a déjà commencé. Girard relie les désastres écologiques actuels avec l’Apocalypse. Car il le redit, la violence décrite par l’Apocalypse vient des hommes. Il y a pour lui un lien entre rivalité économique actuelle, la violence et les désastres écologiques de notre monde au niveau global. Nos démocraties et nos politiciens sont dépassées. Il ne faut pas se laisser tenter par le désespoir et prenons la mesure du texte apocalyptique. Pensons long terme et sauvegarde des traditions. 
L’Apocalypse, c’est la durée, si ces temps n’avaient pas été abrégés, il n’y aurait plus un seul adorateur du Dieu unique. Dans les grands textes des Evangiles synoptiques, ces temps sont longs et nous y sommes pleinement entrés. Je ne suis pas pessimiste, au fond. J’attends, comme tout chrétien, l’avènement du Royaume de Dieu.
Il faut relire Matthieu 24 et Luc 13 et comprendre que le Christianisme nous a pris nos béquilles sacrificielles. Et que l’humanité a pris rendez-vous avec sa propre violence. 

On peut faire le lien avec la phrase de Gauchet, « le Christianisme est la religion de la sortie de la religion. ». Certes mais pourquoi la laïciser puisque la mort du Christ nous apprend tout ? Laïciser la pensée de Girard est toujours compter pour rien ou passer à coté du sacrifice du Christ. A l’opposé, il y a les fondamentalistes qui prennent la violence des hommes pour la violence de Dieu. 

Méditant sur le mystère des kamikazes, Girard poursuit sur l’erreur de Bush d’être parti à la guerre d’Irak, guerroyer face à un ennemi dont on ne sait s’il existe. 
L’ère des guerres est finie : désormais, la guerre est partout. Nous sommes entrés dans l’ère du passage à l’acte universel. Il n’y a plus de politique intelligente. Nous sommes près de la fin.
Quid des autres religions ? Elles servent à préparer le terrain au Christianisme. Elles ont permis le passage de l’animalité à l’homme. Le christianisme met fin à ces religions et nous met face à l’apocalypse. Quant à l’Islam, il ne dit rien sur la violence ou bien l’utilise et le judaïsme est tout entier prophétisme. Les rationalistes à la Onfray se sont arrêtés à Comte, la religion comme gentille cosmologie bébête. 
Au moment de la féodalité, on estimait que la justice royale permettrait une paix universelle. A partir des rois on a cru que les querelles dynastiques étaient à l’origine des guerres. Quand on en arrive à la république, Clausewitz voit très bien que celle-ci produit une mobilisation du peuple pour la guerre, qui jusqu’alors était le fait des princes. L’origine de la violence sera toujours cherchée ailleurs, on désignera toujours la chose la plus importante du moment… Alors que c’est l’homme, bien entendu, qui est à la source de toute violence.
Malheureusement le Christianisme est méprisé, il bouscule nos tranquillités archaïques. Il suffirait de revenir au texte. (Démarche considérée comme protestante dont beaucoup de catholiques pensaient que Girard avait épousé la foi….) 

Alors tout est tragique ? Non, la tragédie, c’est la collaboration mi lucide mi passionné à l’établissement de la religion. Le christianisme va au bout de la lucidité de la tragédie. Non, c’est l’apocalypse qui n’est pas un événement triste car nous vivrons autre chose. La providence est une attente, l’apocalypse est sûre. 
"N’ayez pas peur" est un parole apocalyptique. Il faut continuer et faire ce qu’il faut jusqu’au bout. 
Penser vraiment l’Apocalypse, c’est penser la tragédie des temps qui viennent dans une lumière chrétienne qui est fondamentalement optimiste. Ce n’est pas la fin de tout, mais l’arrivée du Royaume de Dieu. Royaume de Dieu dont nous n’avons aucune explication. Mais qu’importe, puisqu’il se rapproche de nous.

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